Que peut le ministère contre les enseignants qui n'obéiraient pas à ses injonctions à la rentrée prochaine ? Rien. La liberté pédagogique ne se négocie pas.
Dans sa classe, l'enseignant est
seul maître à bord, et aucun ministre ne peut le forcer à pratiquer un
programme qui va contre l'intérêt de ses élèves - sans jugement sur l'intérêt
global des élèves.
Si vous estimez que les programmes de septembre prochain (je
reviendrai bientôt sur l'approche par compétences, qui est le fer de lance de
la destruction des savoirs) nuit à vos élèves, faites autre chose. Si vous
estimez que l'analyse précise de Mallarmé et de Racine leur sera plus utile que
la rédaction de tweets à l'adresse de leurs copains/copines, n'hésitez
pas : vous êtes couverts.
Aucun chef d'établissement ne peut rien vous
dire, aucun ministre ne viendra vous taper sur les doigts. Sinon, il est une
foule de mauvais coucheurs (80 % des enseignants, aux dernières nouvelles) dont
le ministre (et non, on ne dit pas « la » ministre !) se serait
déjà occupé. Vous ne risquez rien — sinon d'attendre mai 2017, et un
gouvernement qui demandera des comptes à tous ces gens qui depuis trente ans
ont démoli l'école — et, plus grave, ont démoli celles et ceux qui y ont usé
leurs fonds de culotte.
Alors, faites ce qui est bon pour
les élèves, vous n'en serez pas moins payés : « agir en fonctionnaire
de l'État », c'est faire ce qui est bon pour les citoyens — et la loi
prévoit des sanctions lourdes contre celles et ceux qui vont à l'encontre de
l'intérêt national, parce que c'est de la haute trahison. N'utilisez pas les
manuels que des éditeurs serviles et intéressés (le ministère débloque 350
millions d'euros pour financer les bouses qu'ils produisent et dont j’ai
largement parlé) se sont empressés de faire rédiger à des mercenaires dont nous
nous rappellerons le nom. Dans un an, ces gens-là seront une note de bas de
page dans l'histoire de l'apocalypse scolaire. Et vous, vous serez toujours là.