Ce sont les vacances, le soleil inonde le jardin et je
sais que la maison va se remplir d’enfants. Pas seulement les nôtres mais aussi
les amis des enfants. Bien sûr chacun de nos enfants a ses amis et pour tous il
va sans dire que « plus on est de fous plus on rit ». Les mamans se
laissent vite convaincre que chez les Janilec on s’amuse bien et je dois dire
que je les vois parfaitement rassurées… et soulagées de me laisser leurs
enfants. Je les comprends, j’en fais bien autant lorsque l’occasion se
présente.
Les enfants qui viennent chez nous sont très vite
informés par celui de nos enfants qui est leur ami, qu’il y deux règles impératives pour pouvoir revenir. Je
les vois dire en confidence :
« Tu sais, ici, il ne faut pas se faire mal car sinon maman tombe dans les pommes » et la deuxième règle : « surtout ne dis jamais de gros mots. Maman déteste ça et tu risques de ne plus pouvoir revenir. »
« Tu sais, ici, il ne faut pas se faire mal car sinon maman tombe dans les pommes » et la deuxième règle : « surtout ne dis jamais de gros mots. Maman déteste ça et tu risques de ne plus pouvoir revenir. »
Ça peut paraître simpliste ou bizarre, mais je me suis
rendue compte avec ces deux impératifs qui au démarrage ne correspondaient qu’à
une simple réalité, de tout ce que cela recouvrait d’une part, de sens des
responsabilités et de la mesure et d’autre part de respect de soi-même et des
autres.
Le corolaire de tout ça était que les enfants peu
habitués à ce genre de consignes, devaient contrôler leurs gestes et leur
parole et cela rajoutait dans tous les jeux une dimension autre, je dirais
éducative qui les apaisait contrairement à ce que l’on pourrait croire.
La liberté était grande dans le jardin où tous les
jeux étaient possibles mais je n’ai jamais été confrontée, au cours de toutes
ces années au moindre accident, à la moindre blessure grave… quant aux petits
bobos, ils étaient vite cachés et oubliés pour ne pas risquer de compromettre
l’avenir et la possibilité de revenir jouer ici.
Il m’est arrivée parfois de surprendre un juron ou de
voir un enfant rouge écarlate s’apprêter à lâcher un chapelet d’injures ou
cours d’un jeu un peu trop prenant, mais il y avait toujours un de nos enfants
et encore plus souvent un de leur amis pour dire bien calmement ou alors d’un
ton suppliant : « Arrête,
arrête, sinon on ne pourra plus revenir. » Je voyais alors l’enfant
s’immobiliser, respirer un grand coup et étonné malgré tout d’avoir été dompté
aussi facilement, sans même l’intervention d’une grande personne, reprendre sa
place dans le jeux et discuter calmement du problème.
Je tournais alors les talons, trop contente de ne pas
avoir eu besoin d’intervenir.
Lorsque la journée était finie et que bien installés
autour de la table nous prenions un dîner mérité, la discussion allait souvent
sur ce qui c’était passé, et le jugement en général très sains « des amis
des autres » permettait à chacun de se rendre compte des qualités et des
défauts de ce qui fait un vrai bon ami à côté des faux bons amis et des simples
camarades.
Une seule fois je me suis retrouvée dans l’obligation
de fermer notre porte à l’un des enfants. Cela me fait encore beaucoup de peine
quand j’y pense car je le connaissais depuis sa naissance, mais il mettait
vraiment en danger moralement et physiquement les plus petits.
B. Janilec